Assise sur la terrasse de bois, le temps se pose, en cette douce matinée. Le paysage s’ouvre au sortir de la pénombre des pins, les collines plongent vers la vallée en un ondoiement mordoré ponctué ça et là du vert des résineux. Tout est en paix, le visage s’expose au soleil plus paisible de ce milieu d’automne, l’air transparent et léger apporte la détente : silence.
Le ciel porte le spectacle en bleu tendre, la coulée miel de la lumière se fond sur la frondaison et l’illumine dans une finesse poudrée. Pour cette dernière représentation, les arbres centenaires sont en tenue de bal, leurs branches comme des bras protecteurs se rejoignent en une puissante et profonde voûte. L’explosion de couleurs ravit le peintre, nuance de jaune moutarde, fleur de soufre scandés de vert tendre, les ocres ponctuent les cuivrés qui virent au brun. Dans ce décor flamboyant le rouge baiser des feuilles qui tremblent, soulève le cœur dans un émerveillement à la Vie. On effleure le sublime.
Le tressaillement du feuillage comme des ailes d’oiseaux bruissent au dessus de la tête. L’adieu des feuilles d’or qui frémissent sur la branche et tombent au ralenti. Elles reposent sur le sol en un tapis jaune craquant : récolte inattendue. J’attrape au vol la mélodie joyeuse de l’eau qui jaillit des entrailles de la terre pour y retourner en quelques enjambées à travers les rochers. Quel cadeau ! Qu’il est doux d’être en présence de ces géants.
C’est bien maintenant que se déploie le mouvement du cycle des saisons, l’éphémère se déroule sous les yeux dans cette danse végétale aux couleurs vénitiennes. Qui sait ? Demain un coup de vent, de froid, et tout ce scintillement sera au sol. Le silence se fait de plus en plus dense.
Le cœur remplit jusqu’au bord de joie tranquille, d’émerveillement. Instant pleinement vécu, instant précieux dans cette leçon de silence remplit d’intensité, où l’on reçoit la tendresse du monde.
Annie