Le début du déconfinement approche, le retour à la vie « presque normale » nous entraîne en fait vers un nouveau changement. Heureuse ou heureux de pouvoir retrouver une certaine liberté de mouvements, alors que le port du masque nous rappelle que le danger est toujours là. Alors, dans ce mélange d’émotions contradictoires, d’incertitude, j’ai envie de partager avec vous sur le thème de la confiance.
Qu’est ce que la confiance ?
Il existe trois niveaux de confiance. La confiance en soi, qui émane de nous lorsque nous sommes conscients de notre valeur. La confiance que l’on met dans une autre personne ou dans quelque chose, et la confiance que l’on place dans la société qui peut nous apporter un sentiment de sécurité.
Le cadre est posé dans cette période de transition : faisons-nous confiance ? À nous-mêmes ? Aux autres ? A la société ? Une partie de l’un ou de l’autre ? Je vous propose de laisser quelques instants le texte, pour ressentir où ces questions résonnent en vous.
Quels peuvent être les obstacles à la confiance ?
Dès que du « différent » survient dans notre vie, l’émotion qui survient naturellement, archaïquement est la peur, avec ces nuances que sont la méfiance, la défiance. La peur est une réponse organique à un danger réel dans notre environnement. Elle nous invite à fuir ou à nous protéger. Il existe aussi ce qu’on appelle une « peur psychologique ». Elle apparaît sous de multiples formes : inquiétude, nervosité, anxiété et jusqu’à des formes plus graves. Regardons objectivement ce qu’est une peur psychologique : c’est notre mental qui fabrique des idées à propos d’un danger éventuel qui pourrait peut-être arriver. Il s’agit d’un scénario mental qui projette un film imaginaire. En fait, ce sont des peurs par anticipation que nous projetons sur le monde.
Attention, je ne suis pas en train de vous dire que ces émotions ne sont pas réelles, ou qu’il ne faut pas mettre en place les barrières sanitaires.
Ce que j’essaie de vous dire, c’est que derrière ces émotions, se trouve une expérience de fermeture, une crispation, un NON. C’est un refus de la perte qui s’exprime dans les sensations du corps, même s’il est léger. Allons explorer le personnage qui gesticule sans arrêt. De quoi a-t-il peur ? Il a peur de perdre sa carapace. L’ego a peur de se perdre et au fond et de manière radicale, c’est la peur de la mort qui s’exprime. Notre société est dans le déni de cette réalité. Or, ce petit virus nous rappelle que nous sommes bien fragiles et somme toute bien démunis face à lui. Autant intégrer cette réalité puisqu’elle s’impose à nous.
Le deuxième obstacle à la confiance est le doute. Dans cette période si particulière, où les informations sont accessibles en permanence à la télé, à la radio, sur Internet et où règne une certaine confusion, le doute émerge. Ce doute est symétrique à la confiance et se place à trois niveaux : douter de soi, douter des autres, douter de la société. Il se décline avec une intensité plus ou moins forte : hésitation, incertitude, perplexité…
Il n’y a pas à juger les émotions qui sont là. Il n’y a pas de « bonnes émotions » ou de « mauvaises émotions », il y a juste énergie. Plutôt que de « faire avec » ou de faire « comme si cela n’existait pas », nous pouvons être lucides.
Dans l’époque si spéciale que nous traversons, nous pouvons constater, que même si le masque est porté par tous, il n’y a pas de tranquillité intérieure. Même si la poignée de porte vient juste d’être nettoyée devant vous, il y a une ombre qui plane. Force est de constater que la plupart du temps nous plaçons notre confiance dans quelque chose, ou dans quelqu’un.
Tant que nous sommes dans ce processus, nous sommes dépendants de conditions ou de circonstances externes. Or la véritable tranquillité est trouvée lorsqu’un retournement s’opère pour aller vers l’intérieur. Alors ayons l’audace de regarder directement en nous.
Trouver la confiance.
Nous nous asseyons et par ce geste d’une simplicité extrême, nous retrouvons nos racines. Nous sommes en contact avec notre souffle, avec la vie en nous. Nous apprenons à nous détendre et à laisser nos fixations mentales se dissoudre, les émotions nous traverser. Simple présence.
S’asseoir est déjà un acte de confiance ; lorsque nous nous déposons sur notre coussin, le corps est déposé sur la terre, ancré dans la terre. Sans y penser, nous faisons confiance au fait que la terre nous soutient.
A chaque respiration qui survient, nous ne nous posons pas la question de savoir si l’inspiration suivante aura lieu. Il y a une confiance naturelle dans le processus même de la Vie.
Déposé, solide comme une montagne, ça respire en nous. Nous pouvons nous détendre et nous ouvrir à l’expérience de l’instant. Qu’est ce qui se passe en moi en ce moment ? Sans rien analyser, dans une observation douce, sans commentaire, se retourner vers l’énergie qui est là. A chaque instant, nous avons l’opportunité d’accepter ou de refuser ce qui se passe là, à l’intérieur de nous : souffrances, tensions et aussi bonheur et plaisir.
Juste accueillir et laisser vivre les mouvements dans le corps, dans l’instant, et les laisser se résorber d’eux-mêmes. C’est un sacré challenge ! Arrêter de critiquer ce qui est là, de penser que cela devrait être autrement, arrêter d’être dupe de nos pensées. Être simplement disponible à ce qui est. Dans ce geste d’abandon ultime, il y a confiance en la simplicité de la Vie. Il ne s’agit pas d’avoir confiance EN quelque chose, mais d’être confiant.
L’assise est au cœur de la pratique, et cette disposition d’esprit peut s’installer dans les toutes actions de notre vie. La source de la confiance est en nous, elle se déploie en courage, en espoir, en liberté intérieure dans une détermination sans faille.
Puissions-nous tous être portés par le côté exceptionnel des événements et aller vers le meilleur de nous-mêmes.
Annie