J’enseigne le yoga tel qu’il est transmis par Eric Baret, il s’agit de la tradition non dualiste du shivaïsme du Cachemire selon l’enseignement de Jean Klein. Jean Klein n’employait pas le mot yoga, il parlait d’approche corporelle.
–L’expression « yoga du Cachemire » a été employée pour signifier une autre orientation que le yoga physique, gymnastique ou intentionnel ou yoga de santé, qui est à la mode en Occident. On maintient la formulation, même si elle ne se trouve pas dans les textes. Abhivanagupta parle d’Ananda Yoga, du yoga de la joie pas du yoga du Cachemire. […] – E. Baret et Marie-Claire Reignier 250 questions sur le yoga éd. Almora.
Il s’agit d’une voie directe, c’est-à-dire qui renvoie à notre véritable nature ; voie qui a, en principe, le pouvoir de conduire à la réalisation de cette nature (nature essentielle, réalité sous-jacente, espace, essence, vibration, liberté: différentes formulations sont être possible.)
Le postulat est que chacun porte en lui cette réalité sous-jacente, qui est voilée par le corps et la personnalité que nous croyons être. En fait, nous portons un conditionnement qui nous fait croire que nous sommes des entités séparés, et que notre conscience naît en même temps que naissent le corps et le cerveau. Nous grandissons et déambulons dans la vie en exprimant cette croyance, qui est source de souffrances (sentiment d’être séparé, peur subtile de disparaître etc.).
Cette nature originelle (sahaja (sk) « spontanée »), que nous portons en nous, s’écoule dans tout ce qui existe, d’instant en instant, elle surgit d’elle même, sans effort ; donc pas besoin de travail, d’ascèse, puis ce que c’est déjà là !
Nous mettons en quête par le pressentiment que cette nature est là, c’est une voie de la reconnaissance intérieure (sk: pratyabhijna) : reconnaissance de ce que nous sommes réellement au-delà des apparences. La personne est une expression temporelle de notre véritable nature. Il s’agit de reconnaître par l’expérience sensible (à travers les différents sens) et non intellectuellement, que tout ce qui apparaît dans la conscience provient de cette nature même.
On parle parfois de voie négative, c’est à dire que dans cette reconnaissance l’accent est mis sur tout ce qui nous empêche de laisser couler la Vie en nous. Rien n’est orienté vers un résultat qui devrait être tel ou tel. La pratique révèle parfois des blocages corporels, des commentaires des jugements, voire des fixations psychologiques. Par une qualité d’écoute neutre et bienveillante s’installe une disponibilité à l’instant, une intense présence. La reconnaissance est, avant tout, observation silencieuse, qui fait taire le commentateur, une sensibilité qui révèle des espaces de tranquillité. Peu à peu, la compréhension s’impose comme une évidence, l’emprise de l’ego perd son caractère hypnotique. Le flot de la Vie est vécu sans stratégie.
Namasté Annie